Péage sur le nouveau pont: gageons 3,90 $ que…

Dominique Trottier / Rive-Sud Express

Payer ou ne pas payer : telle est la question. Voici ma prédiction si vous avez 3,90 $ à gager, une des sommes envisagées pour un simple passage en automobile sur le nouveau pont sur le Saint-Laurent à son ouverture, prévue en 2018.

Je suis prêt à parier que nous n’aurons pas à payer ce péage en 2018, ni en 2019, ni même en 2020. La raison en est simple : la construction du pont, qui doit commencer en 2015, ne sera toujours pas complétée. L’échéancier proposé par le gouvernement Harper est irréaliste. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont de nombreux experts du domaine, qui se basent notamment sur des travaux similaires ailleurs dans le monde. Futur pont sur le Saint-Laurent

À San Francisco, la construction du Bay Bridge s’est terminée l’an dernier après des travaux qui auront duré 12 ans, alors qu’on avait prévu à l’origine de le compléter en 7 ans. Ce pont fait à peu près la même longueur que celui qui remplacera l’actuel pont Champlain, c’est-à-dire environ 3,5 kilomètres. Il faut tout de même préciser qu’il est plus large de deux voies et que son design est plus complexe. Mais en contrepartie, les constructeurs de San Francisco n’ont pas eu à composer avec les aléas de l’hiver.

Imaginez le bordel si ma triste prédiction se réalise et qu’on nous annonce en 2020 que l’actuel pont Champlain n’est plus suffisamment solide et sécuritaire pour accueillir des poids lourds. Les impacts sur les autres ponts reliant Montréal et la Rive-Sud pourraient être catastrophiques.

Péage sur trois ponts ?

L’idée d’un péage uniquement sur le nouveau pont n’a aucun sens. Une étude commandée par Ottawa et obtenue par Radio-Canada indique qu’un tel péage ferait augmenter le volume de trafic à l’heure de pointe de 35 % sur le pont Victoria et de 15 % sur le pont Jacques-Cartier. Le ministre fédéral des Infrastructures, Denis Lebel, se dit ouvert à un péage sur les trois ponts de juridiction fédérale reliant Montréal à la Rive-Sud (Champlain, Jacques-Cartier et Mercier). Si cette hypothèse devient réalité, les citoyens et l’économie de la Montérégie en seront injustement affectés.

Pourquoi les Montérégiens devraient-ils payer pour aller à Montréal et en sortir, alors que ce serait gratuit pour les gens de la Rive-Nord et de Lanaudière ? Notre seul espoir pour un traitement équitable, voire même la gratuité sur tous les ponts, semble être l’élection d’un gouvernement libéral ou néo-démocrate aux élections fédérales de 2015.