La maison des fous

D'Un couvert à l'autre

Lettre ouverte

Depuis 15 ans, notre organisme vient en aide aux personnes atteintes de schizophrénie, mais nous n’avons jamais eu le sentiment de nous trouver dans la maison des fous. Jusqu’à aujourd’hui…
Sauf que la maison des fous, ce n’est pas à D’un couvert à l’autre (DCL) qu’on la retrouve. Nous sommes en plein dedans depuis que notre organisme lance des appels à l’aide au gouvernement du Québec. Comme dans les aventures d’Astérix, les fonctionnaires, les ministères, et même les ministres, se renvoient la balle.

Sauf que nous ne sommes pas dans un dessin animé, nous sommes dans la vraie vie! Des centaines de personnes comptent sur nous. Et surtout, nous n’avons pas de potion magique…

Depuis 15 ans, nous avons été victimes de notre succès. Année après année, DCL a presque réussi à financer ses activités avec des fonds privés. Chaque année, de généreux contributeurs ont cru en nous et nous ont permis d’assumer notre mission, soit la réinsertion sociale et professionnelle des personnes souffrant de schizophrénie. Cependant, le contexte économique est devenu plus difficile,
surtout au cours des deux dernières années. Les dons sont beaucoup moins nombreux et moins importants.

Nous avons aujourd’hui un manque à gagner annuel de 200 000$. À très court terme, il nous faut 30000$ pour assurer la survie de notre organisme. En cette période d’austérité, en quoi l’État est-il concerné par cette situation, demanderez-vous? D’abord, deux hôpitaux de Longueuil nous
recommandent régulièrement des personnes souffrant de schizophrénie afin que notre organisme leur vienne en aide. C’est ainsi que depuis 15 ans, nous avons aidé des centaines de personnes à réintégrer la société. Nous avons aussi permis à l’État d’économiser plus de 7 millions de dollars depuis 2000. Sachez par exemple que chaque personne hospitalisée coûte 1112$ par jour aux contribuables.

D’un strict point de vue financier, nous croyons que DCL est une sacrée bonne affaire pour le gouvernement du Québec. Mais il y a plus que les dollars. Nous sauvons des vies et redonnons espoir à des centaines de personnes, à leurs familles et à leurs amis. Nous avons lancé une campagne de sociofinancement sur le site de Haricot.ca, mais nous sommes aussi à bout de souffle. Le temps presse. Nous espérons de tout cœur que le premier ministre Philippe Couillard envoie un signal clair en nous appuyant. Alors qu’il était ministre de la Santé, M. Couillard rappelait l’importance de la réinsertion sociale et professionnelle pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

Ça tombe bien, c’est justement notre spécialité ! Quand on y pense, il n’y aura que des perdants si D’un Couvert à l’autre devait fermer ses portes…

Maxine David et Jerry Prindle, cofondateurs de D’un Couvert à l’autre