Chronique Transport: Montréal m’attend… mais pas les bouchons!

Geoffroy St-Laurent / Collaboration spéciale

Mont-Saint-Hilaire, 8h30. Devrais-je prendre le train de banlieue? Trop tard le dernier partait à 8h00. Suis-je un travailleur atypique parce que je quitte la maison à cette heure indue? Au fait, à quelle heure se termine-elle cette « heure » de pointe désormais conjuguée au pluriel?

Embarquez! Je vous emmène à Montréal. Je syntonise la chaine de circulation 730 AM. Il est question de Bob, un auditeur. «Tu connais l’histoire de Bob?», demande l’un des commentateurs.  J’aurais préféré entendre l’histoire de la circulation.

À 8h33, je m’engage sur l’autoroute 116. Devrais-je plutôt emprunter l’autoroute 20? Mon fidèle GPS, qui m’aide à choisir entre un embouteillage ou un autre, indique que la 20 est bloquée à partir de Beloeil ce matin. Habituellement le premier embouteillage se forme entre Sainte-Julie et Saint-Bruno.

Les paris sont ouverts. Je dois arriver à Montréal à temps pour un rendez-vous à 10h. Vais-je y parvenir?

Je poursuis ma route sur la 116. Après avoir passé quelques cônes abandonnés, nous arrivons à la première congestion. Il est 8h47, nous sommes au premier feu de circulation de Saint-Basile-le-Grand. Le feu vert en direction de Montréal dure 45 secondes. Et le feu rouge, 90 secondes! Une explication logique doit exister. Restons sereins, la file ne fait qu’un kilomètre ce matin.

Le feu de la Montée des Trinitaires reste au vert, alors que toutes les voitures qui s’y trouvaient sont passées. De toute évidence, la gestion dynamique des feux de circulation relève encore de la science-fiction.

À St-Bruno, le manège se répète. Il est 9h17. Cette fois, j’étudie les autres automobilistes. Ils adoptent presque tous la même attitude, plus ou moins robotique. Ils projettent une sorte de placidité résignée. Plus loin, je m’arrête à un dernier feu rouge trop long. Après quoi nous pouvons enfin rouler à la vitesse permise.

Hormis les innombrables fissures habituelles, d’interminables traces de Pick-Up se sont enfoncées dans la chaussée avant que l’asphalte ne sèche. Difficile de maintenir le cap dans ces conditions. Sinon, la chaussée est en bon état selon les «normes de qualité québécoises».

Puis l’heure des choix sonne. Dois-je prendre le pont Victoria ou le Pont Jacques-Cartier?  La dernière fois, j’ai opté pour Victoria.  Mal m’en prit, j’ai atteint l’entrée du pont après 45 minutes. Photo:  flickriver.com

Puis l’heure des choix sonne. Dois-je prendre le pont Victoria ou le Pont Jacques-Cartier? La dernière fois, j’ai opté pour Victoria. Mal m’en prit, j’ai atteint l’entrée du pont après 45 minutes. Photo: flickriver.com

Puis l’heure des choix sonne. Dois-je prendre le pont Victoria ou le Pont Jacques-Cartier? La dernière fois, j’ai opté pour Victoria.  Mal m’en prit, j’ai atteint l’entrée du pont après 45 minutes. Le CN suspend «l’heure de pointe»  à 9h, ne laissant ensuite qu’une voie ouverte sur deux. Mais je crains également les travaux à la sortie du Pont Jacques-Cartier, sur la rue De Lorimer.

Ouf, j’atteins finalement le pont Victoria. Quel heure est est-il? Je ne sais plus. À la sortie du pont, sur Wellington, des cônes se profilent à l’horizon. Aujourd’hui, un entrepreneur a décidé de bloquer une voie complète. Pourtant, je n’observe aucun travailleur dans les parages.

Je tourne ensuite sur Peel. Un véhicule policier, gyrophares allumés, retranche une voie.  Quelques automobilistes agressifs en profitent pour couper dangereusement tout ce qui se trouve en mouvement.  Plusieurs brûlent des feux rouges.

Mais où sont donc passés ces policiers qui dirigent la circulation? Ils sont remplacés par quelques camions déchargeant leur marchandise, s’emparant des voies de gauche comme de droite.

Arrivée à destination: trop tard.

Nous devons refuser que cette épopée kafkaïenne du transport au quotidien ne devienne un mode de vie. Lors des semaines à venir nous examinerons, un par un, les facteurs causant les congestions routières.